Psychologie légale
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Encourager les pratiques fondées sur les preuves – Promouvoir la structuration de cette spécialité en France – Casser les stéréotypes sur la santé mentale et la criminologie – Lutter contre les dérives et les pratiques dangereuses
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Psychocriminologie, psychologie légale, ou psychologie forensique ?
Les définitions associées à ces termes peuvent varier selon les pays, ce qui amène une certaine confusion : les connaissances scientifiques peuvent avoir une portée internationale, mais les cadres juridiques et les pratiques varient localement, y compris au sein de la francophonie.
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Criminologie
Psychocriminologie
Psychologie légale
Psychologie forensique
Et pour les professionnels ?
Psychocriminologue ou criminologue
En France, « criminologue » ou
« psychocriminologue » n’est actuellement pas un titre protégé par la loi. Cela signifie que n’importe qui peut s’en servir, même sans être titulaire d’aucun diplôme.
Il est donc conseillé de vous méfier d’un professionnel qui se présenterait uniquement en utilisant ce terme, sans y associer un titre protégé. Si vous avez besoin d’une évaluation ou d’une psychothérapie en criminologie ou en victimologie, cherchez plutôt un professionnel qui bénéficie d’une formation universitaire sérieuse.
Psychologue légiste ou forensique
Le « psychologue » dispose d’un titre protégé par une loi de 1985, garantissant qu’il a validé à l’université une Licence de psychologie, un Master de psychologie, ainsi qu’un stage de 500 heures, soit un niveau BAC+5. De plus en plus de psychologues français sont titulaires d’un Doctorat (niveau BAC+8), ce qui est la condition d’accès au titre en Amérique du Nord, par exemple. Un psychologue légiste ou forensique ajoute donc simplement un mot après son titre pour indiquer sa spécialité, comme un neuropsychologue ou un psychologue du travail.
Le terme « psychothérapeute » est également un titre protégé par la loi, qui désigne les psychologues et psychiatres formés pour pratiquer la psychothérapie.
Psychiatre légiste ou forensique
Le « psychiatre » est un médecin qui s’est spécialisé après le tronc commun de 6 ans d’études de médecine, par un internat en psychiatrie, généralement de 4 à 5 ans. Il s’agit donc également d’un titre protégé par la loi. Les psychiatres sont généralement moins formés que les psychologues en psychopathologie et en psychothérapie, mais beaucoup mieux formés en pharmacologie et au diagnostic différentiel avec des pathologies somatiques. Actuellement, seuls les médecins peuvent donc faire des prescriptions. Dans le champ légal, les psychiatres légistes partagent les missions des psychologues légistes, mais ont quelques missions supplémentaires, comme l’évaluation de la responsabilité pénale.
Expert judiciaire
Un expert judiciaire est un professionnel de n’importe quel métier qui intervient à la demande expresse d’un magistrat (juge ou procureur) pour répondre à une question posée dans son ordonnance de mission. L’expression « expert judiciaire » est un titre réservé aux professionnels inscrits sur la liste d’experts de leur Cour d’appel.
Cela étant, en cas de besoin, un magistrat peut demander à n’importe quel professionnel de réaliser une mission de ce type, même s’il n’est pas inscrit sur les listes. Certaines expertises judiciaires sont donc réalisées par des professionnels qui ne sont pas experts judiciaires. De plus, en santé mentale, s’il semble évident de faire appel à un psychologue ou un psychiatre, cela n’est pas obligatoire pour le juge non plus. Il arrive donc que des magistrats proposent des missions d’expertise à des professionnels qui n’ont aucun diplôme universitaire.
Autres appellations
La pratique de la psychologie légale n’est pas réservée aux titres protégés par la loi (contrairement, par exemple, à l’exercice illégal de la médecine). Une multitude d’appellations existe donc pour proposer différents services dans ce champ, mais, comme pour les termes de criminologue ou de psychocriminologue, aucun diplôme reconnu par l’État n’y est associé. Il est donc recommandé d’éviter les services d’évaluation, de formation ou, pire, de prise en charge, proposés par des profilers, psychopraticiens, psychanalystes, énergéticiens, expert en […], thérapeutes en […], et autres psycho- ou crimino-trucs ! Les déclinaisons sont illimitées et certains professionnels font preuve de créativité pour jouer sur la confusion avec les appellations des professionnels diplômés.
Qu’est-ce que les « pratiques fondées sur les preuves » ?

Schéma synthétisant les piliers des approches EBP
La pratique fondée sur les preuves, ou pratique fondée sur les faits, ou encore pratique fondée sur les données probantes, est une expression traduite de l’anglais evidence-based practice, ou « EBP ». Elle désigne les approches cliniques de différentes disciplines qui utilisent les données issues de la recherche scientifique afin de guider la décision du professionnel. La décision est donc basée sur trois piliers en interaction : les connaissances scientifiques (qui respectent certains critères épistémologiques de scientificité), l’expérience clinique du professionnel, et les préférences de l’usager concerné par l’intervention. Les approches qui s’appuient sur les deux derniers piliers, mais remplacent le premier par des connaissances non scientifiques, sont parfois qualifiées de « jugement clinique non structuré », en opposition à ce jugement clinique structuré.
En psychothérapie, la pratique fondée sur les preuves est fréquemment associée aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et aux approches qui en découlent : thérapies cognitivo-comportementales et émotionnelles (TCCE), thérapies d’acceptation et d’engagement (ACT), thérapies comportementales dialectiques (TCD) … En réalité, toutes les pratiques peuvent potentiellement être fondées sur les preuves*, et tous les professionnels se revendiquant d’une des approches citées ci-dessus n’emploie pas une pratique EBP**. Il serait donc caricatural de considérer que ce site promeut la « suppression » de la psychanalyse, ou que tous les cliniciens disant utiliser les TCC formuleront des conclusions basées sur des données probantes.
* Voir par exemple les thérapies psycho-dynamiques nord-américaines, bénéficiant de validations empiriques et basées sur les théories psychanalytiques.
** Voir par exemple de nombreux cliniciens revendiquant une pratique « intégrative », qui choisissent des concepts et ressources qu’ils apprécient dans différents types d’approches, mais perdent la validité des théories et outils utilisés en ne les utilisant pas avec rigueur.
À ce jour, il semble que les approches fondées sur les preuves ne soient pas encore les approches majoritaires en psychologie légale en France, ni dans les universités, ni sur le terrain. Ainsi, une faible proportion de masters de psychologie français enseignent des approches fondées sur les preuves en psychologie clinique, et encore moins en psychologie légale. En médecine, si le tronc commun enseigne des connaissances fondées sur les preuves, cela est moins vrai en psychiatrie. En raison du manque de transparence des institutions et des professionnels à ce sujet (ce qui n’est déjà pas un bon indice), il ne s’agit cependant que d’une estimation. En d’autres termes, même un psychologue ou un psychiatre (même expert judiciaire) n’utilise pas automatiquement des pratiques fondées sur les preuves, et cela n’a d’ailleurs rien d’obligatoire d’après le cadre juridique français, y compris dans le champ légal.
En conclusion, les mots sont trompeurs actuellement en France, et nous disposons de très peu d’éléments de garantie sur la qualité du travail des professionnels. Peu voire pas de formulations assurent à l’avance qu’un professionnel utilisera une pratique fondée sur les preuves en psychologie légale. Pour l’amélioration de nos connaissances et pour la protection des usagers, cela doit changer !
La vocation de ce site web est donc d’encourager les professionnels de tous types d’approches à améliorer leur culture scientifique, à oser se former à une épistémologie scientifique en luttant contre les clichés, et à consulter des sources empiriques pour mettre à jour leurs connaissances.
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